La Bataille de Verdun

La bataille de Verdun considérée comme la plus longue et sanglante de la première guerre mondiale, elle opposa l`empire germanique à la France. Caractérisée par la détermination de l’armée française mise en dilemme de résister pour lever le défi ou bien de capituler sur ses terres devant l’armée allemande. L’issue de cette bataille marqué par la victoire française permettra l’accès des anglais au terrains de l’Europe occidentale suivi par l’entrée des Etats Unis d’Amérique, ces alliés vont organiser leurs attaques offensives jusqu’à la capitulation de l’Allemagne et la signature du traité de Versailles.

La bataille de Verdun;  CONTEXTE HISTORIQUE :


1- La situation avant 1916 :

Même si la première guerre mondiale impliquant des nations aussi lointaines que le Japon et les Etats-Unis, ou plus proches, comme le Portugal, l’Italie, la Roumanie et la Grèce qui combattent, aux côtés de la Triple Alliance, les Empires centraux et leurs alliés, la Turquie et la Bulgarie, le champ de bataille se situe largement sur le territoire français. L’offensive allemande est d’abord repoussée par les armées françaises du maréchal JOFFRE, le long des rives de la Marne, à l’est de Paris, sur un front de 300 km qui engage deux millions d’hommes. Pour attaquer les troupes allemandes, des milliers de soldats français sont transportés au front par des taxis. L’année suivante, en 1915, les armées allemandes tentent d’attaquer par la mer du nord, mais sans succès. A l’automne, une vaste offensive franco-anglaise en Champagne est un échec, faisant des centaines de milliers de victimes. Le front se stabilise alors dans l’est de la France en 1916.

Pour le commandement français, dirigé par le général JOFFRE, la guerre de mouvement reste d’actualité. Le chef des armées prête toute son attention à la préparation d’une offensive importante sur la Somme. Il faut percer, reprendre la guerre de mouvements et en finir.

Pour le commandement allemand, en la personne du général VON FALKENHAYN, chef de l’état major impérial, ce n’est pas tout à fait la même façon d’aborder le problème. Effectivement, il faut en finir avec ce conflit, car pour lui, l’Angleterre cherche à asphyxier les empires centraux dans une guerre d’usure. Mais pour cela il faut rendre la guerre coûteuse aux Anglais par une nouvelle méthode, la guerre sous-marine, et surtout, il faut détruire les forces françaises : « les forces de la France seront saignées à mort... que nous atteignions notre objectif ou non ».



2- La vulnérabilité de VERDUN :


C’est un saillant des lignes françaises, cerné de plusieurs côtés, la Meuse compliquant la défense du secteur. Dans le saillant, se trouvent

plusieurs forts dont ceux de Douaumont et de Vaux. Mais depuis la destruction de ses semblables fortifications ( Liège, Namur et Maubeuge ) par les obusiers allemands, le commandement français ne croit plus aux places fortes. Les canons des forts de Verdun sont retirés par décret, diminuant ainsi très fortement leur capacité opérationnelle. L`armée française a besoin de ces canons pour l’offensive qu’il projette ailleurs en la région de la Somme. De même, les garnisons occupant les forts sont réduites bien souvent à quelques dizaines de combattants.

Le système de défense est lui aussi parfois ramené à une tranchée au lieu de trois. Les barbelés sont en mauvais état. Les effectifs sont réduits et moins organisés. Tout cela laisse penser qu’une attaque allemande chercherait à gagner du terrain.

Pour ravitailler le secteur, il ne reste plus qu’une voie de chemin de fer reliant Bar-le-Duc à Verdun qui est impropre au transport de matériel lourd. Parallèlement au chemin de fer se trouve une route départementale. Ce manque de voies de communication avec l’arrière rend encore plus fragile cette partie du front.









3- L`importance de VERDUN:




Les ressources en hommes et en matériels de l’Allemagne diminuent. Les allemands commencent à souffrir de la guerre et le moral est bas. L’armée allemande exécute le plan de Falkenhayn : amener le plus grand nombre de force française sur un champ de bataille bien déterminé (Verdun) car la ville se trouve près des usines d’obus et des voix de chemins de fer allemands et permet aux soldats d’attaquer de trois cotés. De plus la proximité de Verdun ne demande pas de déplacer énormément leurs troupes. En choisissant un point précis dans la ligne du front les allemands évitent de trop dégarnir les autres fronts et renforcent la puissance de feu.

Quasiment sans combattre, les allemands cherchent à détruire les lignes ennemies en utilisant la technique du hachoir « Trommelfeuer ». L’armée allemande veut « saigner à blanc » l’armée française, briser les nerfs de l'adversaire lui infliger des pertes telles qu'elle ne pourrait pas se relever.

En plus C’est un symbole populaire français qui ne peut être abandonné à l’ennemi (Partage de Verdun en 843 entre les petits-fils de Charlemagne : apparition de la Francie occidentale). De ce fait on suppose que les troupes françaises préféreront mourir sur place plutôt que de reculer, et c`est ce qui est recherché par la stratégie allemande de faire saigner l`armée française.

Le général allemand Falkenhayn choisit donc Verdun pour sa vulnérabilité et aussi du fait qu’il n’aura pas à déplacer beaucoup de troupes. Comptant sur la supériorité allemande en artillerie lourde, il va employer la méthode du « Trommelfeuer » : une préparation d’artillerie en « roulement de tambour » qui devrait permettre de niveler le terrain à conquérir.

Les Allemands amassent face à Verdun quelques 1 225 pièces d’artillerie de tous calibres dont 542 obusiers lourds. En moyenne, on peut compter un mortier rapide de 210mm tous les 150m. Ils déploient 13 obusiers Krupp de 420mm, 17 obusiers Skoda de 305mm, 2 pièces de marine de 380mm et les munitions en conséquence, environ 2 500 000 obus.





Ils massent 72 bataillons d’infanterie dans des abris enterrés Sur les 20 divisions affectées à l’opération, 10 sont prévues pour la bataille proprement dite, les 10 autres étant réservées pour une éventuelle bataille décisive sur un autre secteur dégarni en conséquence.

Tous ces préparatifs ne peuvent échapper à l’attention des défenseurs de Verdun qui ne manquent pas de rapporter le renseignement aux plus hautes instances militaires.

Depuis la mi-janvier, les préparatifs allemands sont confirmés par les services de renseignements français (2e bureau), par la reconnaissance aérienne qui prend des photographies inquiétantes et par des déserteurs alsaciens et lorrains. Le General Joffre ne prétend pas beaucoup d`attention à ces renseignements

La bataille de Verdun;  DEROULEMENT DU CONFLIT :




1- L`attaque Allemande :

Le lundi 21 février 1916 vers 7 heures, un obus de 380 explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. C’est le début d’une bataille qui va durer dix mois. Un déluge de fer et de feu s’abat sur un front de quelques kilomètres Deux millions d’obus - un obus lourd toutes les trois secondes - tombent sur les positions françaises en deux jours.

À 16h00, ce 21 février, 60 000 soldats allemands passent à l’attaque sur un front de 6km au bois des Caures. L’infanterie allemande effectue une progression limitée, aménage immédiatement le terrain afin de mettre l’artillerie de campagne en batterie. La portée ainsi augmentée, les canons allemands menacent directement les liaisons françaises entre l’arrière et le front. Les forces françaises sont écrasées par cette pluie d’acier. Sur le reste du secteur, les défenses sont broyées, disloquées, écrasées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire.

Le fort de Douaumont, qui n’est défendu que par une soixantaine de soldats, est enlevé le 25 février par le 24e régiment allemand. Ce succès fut immense pour la propagande pour cette dernière et une consternation pour les Français.

Malgré tout, la progression allemande est très fortement ralentie. En effet, la préparation d’artillerie présente des inconvénients pour l’attaquant. Le sol, labouré, devient contraignant, instable, dangereux. Bien souvent, la progression des troupes, doit se faire en colonne, en évitant les obstacles.

Un semblant de front est reconstitué. Les 270 pièces d’artillerie françaises tentent de rendre coups pour coups. Deux divisions françaises sont envoyées rapidement en renfort, le 24 février, sur ce qui reste du front.

Avec les survivants du bombardement ils arrêtent la progression des troupes allemandes.

Le front est constitué de plusieurs lignes de défenses creusées dans la terre, les tranchées, reliées entre elles par des boyaux d’accès. Ils utilisaient pour se battre des fusils sur lesquelles était fixée une baïonnette, des mitrailleuses, des obus, des gaz… Les soldats vivent et meurent dans les tranchées, dans la boue, dans la vermine avec les rats et les cadavres.



2- La réaction Française :

le 25 février 1916, le Généralissime JOFFRE décide l’envoi à Verdun de la II° armée, qui avait été placée en réserve stratégique, et dont le Général PETAIN était le commandant depuis le 21 juin 1915. Il lui confie le commandement en chef du secteur de Verdun.

Dans un premier temps, le général Pétain réorganise la défense. Elle s’articule sur les deux rives de la Meuse. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés.

Pour ménager ses troupes, il impose « le tourniquet ». Les troupes se relaient pour la défense de Verdun. En juillet, 70 des 95 divisions françaises auront participé à la bataille (presque 75 % de l`effectif de l`armée française).

Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56km de piste, va circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit.

Cette artère vitale pour le front de Verdun sera appelée « La Voie Sacrée ». Il y circulera plus de 3 000 camions, un toutes les quinze secondes. 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions seront transportés chaque semaine.

Un règlement draconien régit l’utilisation de cette route. Il est interdit de stationner. Le roulage se fait pare-choc contre pare-choc, de jour comme de nuit. Le flot ne doit s’interrompre sous aucun prétexte. Tout véhicule en panne est inexorablement poussé au fossé. Enfin, il réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé directement sous les ordres du général Pétain. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés. Ces changements apportés à cette partie du front font remonter le moral de la troupe qui sent en Pétain un véritable chef qui les soutient dans l’effort et la souffrance.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, l’aviation va intervenir de manière véritablement organisée avec la création de la première grande unité de chasse, chargée de dégager le ciel des engins ennemis, et de renseigner le commandement sur les positions et les mouvements de l’adversaire : « Je suis aveugle, dégagez le ciel et éclairez-moi », leur dira-t-il. Les Allemands sont arrêtés à 4km de leurs positions de départ, avance qui n’est pas du tout proportionnée aux moyens qu’ils ont engagés.

Les combats se livrent alors sur les deux rives du fleuve Meuse transformant ainsi le saillant de Verdun en une innommable boucherie où la sauvagerie l’emporte sur toute sorte de compassion. Le fer, le feu et la boue forment la triade infernale composant la vie du « poilu », mais aussi celle du « feldgrau » allemand.

Le 18 juin le General Falkenhayn fait bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Mais, les 70 000 Allemands doivent attendre, l’arme à la bretelle, que le gaz se dissipe pour attaquer. Ce temps précieux est mis à profit par les forces françaises pour renforcer la position. Lorsque l’assaut a lieu le 23 juin, les Allemands sont contenus.











3- Le soutien des alliés et fin de la bataille.

Les alliés attaquent sur la Somme. Les Russes avancent sur le front oriental. Les Italiens font reculer les Autrichiens. Des troupes et de l’artillerie ont été prélevées sur le front de Verdun. Ces conditions compliquent la situation du commandement allemand pour continuer les opérations à Verdun.

Le 11 juillet, Falkenhayn lance l’offensive de la dernière chance. Elle est bloquée par le fort de Souville, à 3km de la ville de Verdun. À ce moment, les Allemands perdent l’initiative.

Du 21 au 24 octobre les Français pilonnent les lignes ennemies. Écrasés et gazés par des obus de 400, les Allemands évacuent Douaumont le 23 octobre. Les batteries ennemies repérées sont détruites par l’artillerie française.

Puis, le 24 octobre, 3 divisions françaises passent à l’attaque sur un front de 7 km. Douaumont est repris et 6 000 Allemands capturés. Le 2 novembre, le fort de Vaux est évacué par les Allemands. À la mi-décembre, les troupes allemandes sont refoulées sur leurs positions de départ. Après 10 mois la bataille est terminée.







REFLEXIONS SUR LA BATAILLE DE VERDUN :




1- Les pertes humaines et naturelles:

Les pertes ont été effroyables, pour un gain en territoires conquis nul. Après 10 mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté 378 000 hommes (62.000 tués, plus de 101.000 disparus, et plus de 215.000 blessés, souvent invalides) aux Français, 337 000 aux Allemands, 22 millions d’obus, dont un quart au moins n’ont pas explosé. Les hommes ont fait preuve de la pire des sauvageries durant dix longs mois. Ils ont subi la pluie, le froid, la neige, le feu et le fer. Tout cela pour quelques kilomètres carrés d’une terre devenue morte et sans vie

2 - symbole de patriotisme français :

Cette victoire défensive est considérée par les combattants comme la victoire de toute l’armée française, dont la plus grande partie du contingent a participé au combat. Pour la France, Verdun devient le symbole du courage et de l’abnégation.

3 - enseignements militaires :

• Pour la première fois les Lance-flammes furent utilisés comme arme d’infanterie dans une bataille, et c’était par l’infanterie allemande.

• L`importance de connaitre le but des plans et préparatifs suspicieux de l`ennemi.

• Un système de relève ou noria pour les combattants au front s’avère efficace lorsqu’une bataille dure. L’exemple français « tourniquet » instauré par le général Pétain en est un exemple.

• L`organisation logistique adoptée par les français à travers la voie sacrée a permis la résistance aux attaques allemandes. Notamment dans le domaine de l'évacuation des blessés, avec la création d'unités de brancardiers et la multiplication du nombre d'ambulances et d'hôpitaux de compagne.



• Avec la bataille de Verdun, l'aviation avait pris un nouvel essor, l'avion de reconnaissance devenu bombardier guidé à partir du sol, beaucoup de combats ont eu lieu dans le ciel.



• Les conditions de combats vont se durcir également :

o L'artillerie dont le calibre a atteint 400 mm fait des ravages parmi les soldats.

o La guerre est transformée en une infinité de gestes mortels: la guerre à la grenade et au couteau, et le combat des chefs de sections, des sergents et des caporaux.

o Le champ de bataille avait pris l'aspect d'un terrain lunaire, mais aussi d'un champ de boue et de sang.















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